Une enquête inédite sur le dictateur nord-coréen Kim Jong Un, surnommé « Rocket Man » par Donald Trump et devenu l'ennemi public n'°1 du monde occidental. C'est le dictateur le plus mystérieux du pays le plus fermé au monde. C'est aussi le plus menaçant. À la tête de la Corée du Nord, Kim Jong Un ne cesse de provoquer la communauté internationale avec ses essais nucléaires. Et son bras de fer avec les États-Unis semble avoir atteint un point de non-retour. À tel point que le risque de guerre est bien réel. Comme son grand-père (Kim Il Sung) et son père (Kim Jong Il), le jeune chef d'État de 34 ans gère son pays avec une extrême brutalité. Ses opposants sont systématiquement exécutés ou enfermés dans des camps de travail. Il aurait même fait assassiner son propre frère en Malaisie, selon un scénario d'une rare ingéniosité. Nous sommes partis sur ses traces. Même s'il est très discret sur son passé, on sait que Kim Jong Un a été pensionnaire en Suisse. Son copain de classe, Nicola Kovasevic, se souvient d'un garçon attachant, étrange, plus passionné par le basket américain que par la politique. Dès son accession au pouvoir, en 2012, Kim Jong Un s'est pourtant révélé un vrai leader. Redoutable, impitoyable, mais aussi fin stratège, il a aussi transformé la Corée du Nord. L'économie s'est peu à peu libérée. Pyongyang, la capitale, s'est modernisée : des gratte-ciels, des parcs d'attraction, des restaurants et des bars ont poussé un peu partout dans la ville. Et le pays s'ouvre même aux touristes : 100 000 chaque année, principalement des Chinois et une petite poignée d'occidentaux. Exceptionnellement, nous avons pu entrer en Corée du Nord lors d'un voyage touristique, sous le contrôle étroit des autorités. Nous nous sommes rendus sur la grande place de Pyongyang où trônent les imposantes statues des dictateurs, en passant par les écoles qui endoctrinent les enfants et l'incroyable musée des atrocités américaines, jusque dans les campagnes pour voir comment, grâce à l'agriculture intensive, le pays s'est relevé de la grande famine des années 90. Sur place, nous avons constaté que la population reste surveillée jusqu'à l'asservissement. Toute voix dissonante est proscrite. Interdiction de posséder une voiture, de voyager, pas d'Internet (sauf quelques privilégiés proches du régime), pas de culture étrangère. La propagande est omniprésente. Les missiles de Kim Jong Un sont affichés partout. Des chansons guerrières anti-américaines sont chantées dans les écoles primaires, dès l'âge de 3 ans. Notre enquête nous a également emmené en Corée du Sud, où nous avons rencontré les opposants de Kim Jong Un : des transfuges qui ont quitté le Nord au péril de leur vie et qui racontent la terreur et la menace permanente dans lequel vit le peuple nord-coréen. Parmi eux, Lee Min-bok, qui organise des lancers de ballons gonflés à l'hydrogène remplis de tracts et de vidéos dénonçant le dictateur, que le vent pousse jusqu'à Pyongyang...
